David Adamo, Untitled

« J’ai commencé à aborder mes sculptures en partant de l’idée que je voulais faire une performance, mais qu’il n’y avait pas de public. Et puis j’ai commencé à faire des installations qui étaient comme des performances. » David Adamo*

Le processus de retrait de la matière est au cœur de la sculpture d’Adamo. Les objets de la vie quotidienne prennent de nouvelles formes, révélées par leurs restes : le fruit après qu’il ait été mordu, le ballon après que l’air se soit échappé. Ces restes sont moulés dans divers matériaux, dont le bronze, le plâtre et l’aluminium. Il en va de même pour les œuvres en bois de l’artiste, les formes finales sont apparues après un lent travail de soustraction de la matière. En 2011, Adamo a exposé dans la matronaea de la basilique de Santa Maria Maggiore à Bergame, en Italie.

Il lui a été offert de travailler avec une poutre en chêne inutilisée lors de la rénovation baroque de l’église. Depuis lors, le bois est son matériau de prédilection. Il a produit tout un corpus de sculptures en bois, principalement des colonnes aux allures de totem, mais aussi des objets du quotidien tels que des tapis roulés ou des instruments de musique et, plus récemment, des bustes.

Les colonnes, qu’il exécute surtout en cèdre rouge (historiquement utilisé pour la fabrication de mâts totémiques), illustrent parfaitement ce jeu de masse et d’absence, une caractéristique importante de l’œuvre sculptée de l’artiste. Son approche du matériau est à la fois simple, élégante et laborieuse. Il travaille en taille directe à l’aide d’une herminette, laissant visibles dans la surface du bois les traces et coups laissés par son instrument. Dans le cas des colonnes torsadées, il y a un sens supplémentaire de tension et de mouvement, ces sculptures sont le résultat d’un travail physiquement engageant, elles conservent la mémoire du corps au travail. Seul élément qui s’étire horizontalement dans l’espace, un canoë, qui porte à sa proue une frêle colonne, affirme sa présence imposante, peut-être magique, suggérant un paysage onirique.

Cette proue fait écho à un groupe de colonnes de même forme, cinq colonnes de différentes dimensions pareillement évidées à l’intérieur (à l’opposé des colonnes totémiques dont la masse centrale est intacte). N’ayant conservé que leur structure quadrangulaire, souvenir des poutres à partir desquelles elles ont été sculptées, ces minces sculptures à l’apparence fragile ne sont pas sans évoquer une architecture gothique. L’empreinte de l’action est essentielle dans le travail d’Adamo, elle est palpable et, on le sent, incomplète — comme si un processus avait été initié et pouvait reprendre à tout moment.

* Thomas Thiel, « Sculpture as Performance », dans Thomas Thiel (dir.), David Adamo: Untitled (Bielefeld : Bielefelder Kunstverein & Berlin : Revolver Publishing, 2015), p. 16. Traduit de l’Anglais.