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≃ Mathieu Bonardet

 

 

Liaigre invite l’artiste franco-belge Mathieu Bonardet au 77 rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris, sous la verrière de l’atelier.

Exposition du 9 Juillet au 21 septembre 2024.

Commissaire d’exposition : Carlos Sicilia en partenariat avec la galerie ETC. Photos : Mathieu Bonardet, Samuel Chasseur, Grégory Copitet. Texte : Xavier Bourgine

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Liaigre invite l’artiste franco-belge Mathieu Bonardet au 77 rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris, sous la verrière de l’atelier.

Exposition du 9 Juillet au 21 septembre 2024.

Commissaire d’exposition : Carlos Sicilia en partenariat avec la galerie ETC | Photos : Mathieu Bonardet, Samuel Chasseur, Grégory Copitet | Texte : Xavier Bourgine

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Dans son travail, le dessin se concentre en son geste et son matériau premiers : tracer des lignes au graphite. La répétition de ces lignes est une inscription du corps et du temps dans le dessin. Elle implique la concentration autant que la régularité, la discipline, l’endurance et l’effort. Ces lignes, par leur concentration, sont porteuses de forces attractives ou répulsives. Se dessine alors une ligne de rupture (souvent un vide ou un écart), qui divise et sépare. Dessin et espace sont intimement liés, dialoguant avec le minimalisme du style Liaigre.

Ce signe mathématique, non-rencontre d’une ligne courbe et d’une ligne droite, lu comme «à peu près égal», évoque d’emblée l’essentiel du travail de Mathieu Bonardet : un rapport à l’interstitiel, au dédoublement, à la répétition du geste, à un même qui n’est jamais le même, et un lien à la géométrie, rendue ici sensible.

La ligne courbe au-dessus de la ligne droite renvoie directement à la série des I/U, sculptures d’aluminium composées d’une droite et d’une courbe (comme le sont les lettres I et U) qui jouent avec leur rapport d’égalité. L’anglais révèle le sous-jacent relationnel de ces structures, puisqu’on entend I [aI] / You [ˈju] soit un je et un tu en français. Derrière l’apparence algébrique, un sens humain est toujours à chercher.

I/Us, droite prise en étau entre deux courbes, éclate l’horizon cher à l’artiste, démarcation inaccessible qu’il a longtemps voulu circonscrire dans sa série fondatrice des Polyptyques pour ligne d’horizon. Alors que l’horizon scindait un vide et un plein, I/Us est une ligne de dessin matérialisée, qui traverse l’espace du sol au plafond.

La mathématisation, apparue avec les Equal Areas, n’enlève rien à cette lecture sensible. Ce sont des rapports de tension qui s’exercent entre ces deux formes, issues d’un travail avec un mathématicien qui a permis à l’artiste d’obtenir des figures différentes mais d’aires égales. Dans les Equal Blocks, le dessin occupe une plus grande surface du papier, comme si l’équivalence mathématique cherchait à étendre son territoire, à affirmer par une matérialité plus monolithique la densité acquise par la répétition d’un geste simple : tracer des lignes au graphite, sur le papier. C’est au contraire la recherche poignante d’un équilibre qui anime les Three Blocks, où trois aires égales se superposent comme les rêves de stabilité sentimentale, politique ou géologique d’un monde toujours plus éloigné de sa représentation idéale. Une

aspiration à l’altitude, mentale ou morale, se dégage d’Isometría, où le même dessin se répète inlassablement, à l’image de la Colonne sans fin de Brancusi ou des «piles» de Donald Judd. Mathieu Bonardet n’est cependant pas dupe de sa recherche de perfection par la répétition et sait bien que l’exactitude mathématique se perd dès lors qu’il trace ses figures au crayon ; la perfection restant rabattue du côté du concept. Dans nos sociétés «surrationnelles», pour reprendre Bachelard, de l’hypercontrôle, de la quantification au centime du risque et des coûts, des rencontres algorithmiques et des sondages statistiques, l’à peu près est ce qui nous reste de liberté et de sentiment.

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